mercredi 10 avril 2019
Pourquoi prendre le baptême Témoin de Jéhovah était la plus belle erreur de ma vie
Cela fait quelque jours que j'ai envie de vous parler de mon cheminement religieux.
Ceux qui me connaissent le savent, quand j'avais 7 ans, ma maman catholique a rencontré les témoins de Jéhovah ... au bout de 5 ans, elle a pris le baptême.
Ma mère a été mère au foyer durant tout son mariage (et d'ailleurs elle l'est toujours), vous imaginez donc tout le temps qu'elle passait avec nous 5, et comme j'étais très proche d'elle, et que selon ce que j'ai découvert dans le Test de l'Ennéagramme grâce à ma super coach, je me suis construite autour de la blessure selon laquelle il fallait que je fasse tout mon possible pour mériter l'amour de ma mère ...
Et donc après avoir déçu et peiné ma marraine, mon père, ma grand-mère, après avoir déçu le seul homme qui a toujours été de mon côté et m'a soutenue en croyant en moi ... j'ai moi aussi pris le baptême à 19 ans ...
Le plus drôle dans l'histoire est que ma mère ne me sentait pas prête, et elle avait raison ! Seulement n'ayant aucun argument clair et convaincant à me proposer ... c'est le premier choix que j'ai fait sans son approbation .... Et en l'écrivant je me dis que c'est carrément fou, de faire un choix que ma mère désapprouve pour mériter son amour ...
Vu que j'ai fait ce choix pour de mauvaises raisons ... il était clair que je ne pouvais pas tenir sur la longueur ... j'ai donc été excommuniée une première fois deux ans plus tard, puis j'ai fait une pause pour vivre mon premier mariage, puis j'ai voulu revenir, et c'est là, à Schaerbeek, que j'ai rencontré mon mari actuel ... un homme que j'ai vite eu dans la peau, tellement que cet amour m'a donné envie d'un bébé avec lui, alors que je n'en voulais pas spécialement ...
Et là j'ai encore été excommuniée, puis lui aussi, puis il a pu être réintégré, puis moi plus tard ...
Et puis est arrivée la dépression et là j'ai décidé de quitter cette organisation une fois pour toute.
Pour ceux qui l'ignorent, les témoins de Jéhovah ont une morale très stricte et donc quand on y déroge, on est mis à l'écart, excommunié, cela signifie qu'à moins de travailler avec vous ou de vivre sous le même toit, les autres membres de la communauté sont censés réduire au maximum tous les contacts avec vous. Par ce chantage affectif, ils espèrent vous pousser à vous humilier suffisamment, vous confondre sincèrement en regrets et manifester un repentir qui vous vaudra la réintégration. Seuls les anciens de la congrégation sont autorisés à vous encourager spirituellement. Vous êtes censés venir aux deux réunions hebdomadaire et vous asseoir discrètement pour écouter attentivement et suivre les versets dans votre Bible, chanter, tout cela sans que personne d'autre que les anciens ne puisse vous adresser un bonjour. Evidemment certains plus tendres vous sourient, ou manifeste leur soutien sans paroles. Et il s'agit d'endurer cela pendant des mois ... ce que j'ai fait, deux fois.
Après réflexion, je me suis dit que c'était une procédure indigne d'un Dieu d'amour ... et que les TJ comme beaucoup trop de religieux réduisent Dieu à beaucoup de mesquinerie et qu'il est certainement horrifié de ce que des gens osent dire et faire en son nom. La cohérence reste quelque chose d'important à mes yeux car elle me simplifie énormément la vie. Sauf que pour concilier les différents versets de la Bible qui sont sensés s'équilibrer et se répondre, et bien pour moi, c'était une sacrée prise de tête !
Pour moi le commandement fondamental et suffisant c'est d'aimer son prochain comme soi même ... et c'est pour moi la seule façon d'aimer Dieu. Je pense que son Amour couvre toutes les mesquineries et que son acceptation est inconditionnelle car il comprend tellement mieux qui nous sommes et pourquoi nous agissons.
En conséquences, je vis ce que les témoins de Jéhovah proscrivent, je prends dans la Bible ce qui me convient, et je laisse de côté ce qui me tracasse l'esprit, ce qui m'apporte culpabilité, conflits intérieurs et contradictions inconciliables.
Et j'en suis bien plus heureuse et épanouie, je trouve ma place.
Et cela, je le dois à Marianne Williamson, et son livre :"Un retour à l'Amour", qui m'a énormément inspiré.
Depuis que je sais lire la Bible, mon verset préféré, dont ma chère maman trouvait que je pervertissais le sens est : " Il n'y a pas de crainte dans l'amour, l'amour parfait jette dehors la crainte, parce que la crainte est un frein."
Vous imaginez bien que lorsque j'ai rencontré Williamson qui écrit : "L'amour est ce avec quoi nous sommes nés, la peur est ce que nous avons appris, tout le parcours spirituel consiste à désapprendre la peur pour faire à nouveau régner l'amour dans nos cœurs", cela ne pouvait que faire écho.
Je ne nie pas l'impact positif que cette religion peut avoir dans la vie d'autres personnes, d'ailleurs mon cher mari en est un exemple vibrant car il a utilisé la Bible pour se connaître lui-même et travailler sa personnalité, se débarrasser de ce qu'il considère comme défauts ou traits de caractères indésirables.
Les publications des TJ ne m'ont pas aidée à faire cela, certainement que mon cœur était fermé, mes oreilles sourdes à cause du vocabulaire utilisé, à cause de tout ce : "fais cela pour mériter l'amour de Dieu, des autres ..." a posteriori, je pense que cela me traumatisait tellement comme sous-entendu, que je ne pouvais juste pas l'entendre.
Ce qui m'a permit de faire ce travail sur moi, et qui n'est pas encore terminé, c'est la Communication Non Violente (ou CNV) de Marshall Rosemberg, dont j'ai déjà grandement parlé sur mon blog.
Par contre, il est certain que lorsque l'on fait quelque chose pour de mauvaises raisons, et que notre choix manque de conscience, c'est à dire qu'on ne mesure pas précisément de tout son être les implications à long terme ... il est difficile qu'il en résulte uniquement des choses positives.
Aujourd'hui, je revendique donc le droit de me tromper, de changer d'avis, de m'orienter un peu différemment et pourtant d'être acceptée telle que je suis. Il paraît que cela fait de moi quelqu'un d'orgueilleux, égoïste, et exigeant. Je suis ok avec le fait que c'est exigeant, mais pas avec l'étiquette orgueilleuse, ou égoïste, car pour moi, pour ma survie psychique, ce choix est vital, et je pense que si ma mère se souvient de la nécessité qu'elle a ressentie jadis à prendre son baptême, il s'agissait pour elle de quelque chose de vital, et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle n'a jamais dérogé à son choix et qu'elle est toujours restée cohérente vis-à-vis de ses convictions malgré leur impact sur la vie familiale au sens large.
Il reste qu'elle avait environ 39 ans, (j'en aurai bientôt 34), quand elle a pris cet engagement, elle avait déjà vécu un mariage, 5 grossesses, le monde du travail, la vie de mère au foyer, elle avait suffisamment vécu, comme moi aujourd'hui, pour faire un choix plus conscient, plus raisonnable, avec de meilleures motivations et répondant à des nécessités qu'elle avait déjà pu explorer patiemment.
En écrivant cela, je me rends compte à quel point, je l'ai imitée malgré moi, et surtout pas sur les aspects qu'elle aurait souhaité.
Je pense que ma mère est un être libre qui a choisi le cadre dans lequel sa liberté s'épanouit, et en réalité, là dessus, je suis exactement pareille, nos différences résident dans le cadre que je me choisis.
Au final, je pense que c'est pour cela que je vis si mal le fait qu'elle ne parvienne pas à accepter que mon bonheur est possible en dehors de son cadre, celui qu'elle s'est choisi, et qu'elle ne puisse pas se réjouir de me voir heureuse et pourtant différente et en même temps pas si différente que cela.
Elle comme moi, nous restons des femmes entières, qui allons jusqu'au bout de nos convictions, et des personnes honnêtes n'ayant rien à cacher, mais se soustrayant aux autorités que nous ne reconnaissons pas sans culpabiliser. Nous restons des femmes aimantes et généreuses, serviables et conciliantes ... jusqu'à un certain point, celui qui met en péril notre intégrité psychique.
Je sais qu'au fond nous nous aimons, parce qu'elle est faite d'un bois tendre, et intérieurement, je reste cette petite fille qui souhaite juste une famille unie et heureuse autour d'elle, alors quand je vois les souffrances morales qu'elle s'inflige à cause des croyances limitantes qu'elle peut avoir, cela me rend triste et provoque en premier l'élan de vouloir l'aider, malgré elle. Heureusement, je suis aussi adulte, alors j'ai appris à lâcher-prise pour me rappeler que chacun construit sa vie et ouvre les yeux quand il est prêt et comme il veut ... ou pas !
Chacun moissonnera ce qu'il aura semé, et sincèrement je moissonne déjà et je n'ai aucune peur pour la récolte finale !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire