Pages

vendredi 20 avril 2018

Le livre "Médias : influence, pouvoir, et fiabilité. A quoi peut-on se fier ? " Julien Lecomte


Pour introduire ce billet, je voudrais d'abord vous en expliquer la Genèse. 

Si vous avez lu mon précédent article, vous savez que je suis un certificat en gestion positive des conflits, le coordinateur de cette formation, n'est autre que l'auteur de ce livre. Notre rencontre eu lieu en ces circonstances et c'est au détour d'une conversation que j'ai appris que notre coordinateur était également auteur, ma curiosité (pour le sujet, pour le travail d'auteur) me fera savourer, engloutir, digérer son opus ! 


Vous pouvez découvrir la présentation de Julien Lecomte sur son blog : 

La lisibilité du livre est augmentée grâce à une structure énoncée de façon limpide, histoire de ne pas se perdre en route. Il s'agit d'un livre solidement documenté, qui témoigne d'une réelle rigueur intellectuelle. Le vocabulaire précis est au service de phrases claires. 

Vraiment c'est un livre que je vous recommande, et que je recommande à tous les adolescents qui veulent être des citoyens autonomes critiques et responsables pour créer le monde de demain ! 

Sachant tout cela, moi qui n'aie pas l'habitude de nourrir des complexes, j'ai trouvé mon petit blog bien amateur en comparaison au sien, ma culture bien mince et mon niveau de langage définitivement plus bas que le sien, et surtout quand j'ai appris que la rédaction de ce livre avait pris plus de 18 mois, je me suis mis en tête que je ne pouvais pas me contenter d'un billet rédigé en quelques minutes, que ce serait presque irrespectueux ...

J'ai d'abord lu le livre en entier avant de le reprendre "en diagonale" pour reprendre les citations dont je voulais garder une trace. En vous les partageant, mon but est que certaines questions et réflexions me reviennent à l'esprit à chaque fois que je suis confrontée aux médias. 

Seulement voilà, en me créant un complexe et en me mettant la pression en me comparant, je ne parvenais pas à trouver l'énergie, l'élan pour l'écrire enfin ce billet ! Je ne saurais même plus dire depuis combien de temps je monopolise l'exemplaire de la bibliothèque de l'Université de Paix, il était temps que je me défasse de ces croyances limitantes pour commettre mon forfait. 
"Je fais de mon mieux, avec mes circonstances présentes, avec mes aptitudes, ma disponibilité, mes objectifs, nous sommes tous différents, alors me comparer à quelqu'un d'autre ne nourrit pas la vie, j'arrêtes ici." 

J'ai devant moi 6 pages A4 de notes, qui s'arrêtent à la page 107 de son livre qui en compte 250, je m'arrêtes là. 

Mes notes personnelles s'intitules "Ce que je retiens du livre Médias : influence, pouvoir et fiabilité. A quoi peut-on se fier ?

Je vous les recopie uniquement ici. Par moment ce que j'écris paraphrase légèrement, mais vous pourrez vérifier mon honnêteté intellectuelle, si j'ai fait l'un ou l'autre raccourci, je n'ai, j'espère, pas trahi son propos. 

"Le rejet radical comme la confiance aveugle sont des extrêmes à proscrire". 

Le plus important étant de se poser des question pour juger de la fiabilité de ce qu'on lit, et cela au moyen d'une matière que j'ai découverte au cours de mes études secondaires dans un certain collège réputé jésuite liégeois avec lequel Julien avait aussi quelques liens ! Il s'agit de la critique historique.

On distingue la critique interne de l'externe. 

L'interne interroge l'autorité de l'auteur, est-il validé par ses pairs, compétent, exact et sincère ? Elle tente aussi une interprétation. 

La critique externe vérifie l'authenticité, la provenance et l'originalité.

"Qui, Quand, Comment, Quoi, Pourquoi, autrement dit : 
Qui dit quoi à qui par quel moyen et avec quel effet? 

sont les question importantes à se poser devant n'importe quel document dont on questionne la fiabilité. On distingue donc un émetteur, un message (contenu), un canal, un récepteur (supposé ou réel) un contexte ainsi que des buts, intentions, et effets potentiels. 

P.33 Sachant qu'une majorité politique a un pouvoir sur une partie de l'argent que la télévision reçoit pour fonctionner, les journalistes ne vont-ils pas réfléchir à deux fois avant d'envisager de trop l'égratigner ?

P.37 Un sondage montre une tendance à la méfiance vis à vis des médias, en France en 2011, 63% des personnes sondées estiment que les journalistes ne sont pas indépendants des pressions politiques, et 58% su même avis sur les pressions financières. 

Posons-nous la question : Quelle est la confiance que j'accorde aux médias ? 

P.41 Les médias mettent en forme les contenus, ils fabriquent l'information. Trois idéologies sous-tendent cette fabrication : 
- la transparence : la communication refléterait parfaitement tous les points de vue et toutes les pensées sans les déformer.
- la critique spectaculaire du spectacle : beaucoup d'émissions proposent de décrypter les médias et leur système. 
- le règne de l'opinion : toutes les opinions devraient être traitées équitablement. 

Les raisons de cette mise en forme sont les suivantes : 
- séduire le public grâce à l'effet d'annonce et à la dramatisation. 
- paraître professionnel
- gérer les scoops et les urgences
- en presse écrite, respecter environ 3000 signes par page
- en télévision, respecter la durée d'une émission, avec parfois des interviews de quelques secondes. 
- choisir des événements à traiter en fonction du coût et de la proximité.  

P.44 La production médiatique se doit de prendre en compte son public dans sa conception. 

Par exemple, l'émission Bye Bye Belgium (alors que quand même, l'Union fait la force !!!! ) destinée à faire réfléchir aurait-elle eu un tel retentissement si elle avait été présentée sous la forme d'un débat traditionnel ? 
Jusqu'où peut-on édulcorer l'information pour la rendre plus digeste ?

P.45 Les médias se feraient l'écho d'idées préconçues [...] qui relèveraient moins d'erreurs ou de tentatives de tromper que de délits de bonne foi. 
Si le documentaire Bye Bye Belgium était un coup monté présenté comme tel au fil de l'émission, qu'en est-il des positionnements culturels et idéologies implicites qui orientent ou corroborent les vision du monde les moins remises en cause ? 

P.45 Pour Ricoeur, une idéologie fonctionne d'autant mieux que sa dissimulation d'elle-même est forte ! 

P.46 Lorsqu'un discours semble "neutre" "évident" et justement pour cette raison, il est intéressant de s'interroger en profondeur et de comprendre les présupposés qui l'animent. 

Interrogeons nos propres préconceptions du réel ! Ce qui sous-tend nos discours, plus on considère son avis comme allant de soi, plus il y a de chances qu'il se base sur des présupposés qu'on ne remet pas en doute. 

P.47 "Il est matériellement impossible d'informer sur tout ce qui se passe partout dans le monde", d'où la nécessité d'un CHOIX, d'un TRI, ce choix tient compte des contraintes du producteur du contenu ainsi que de celles du public à qui elle est destinée. Il en résulte une occultation des faits du monde à traiter. Les médias ne colportent jamais de l'information pure et complète, au contraire les médias nous suggèrent leurs sujets ; ce qui se dit dans les médias ce sont les sujets de conversations de leurs publics. 

P.48 Qu'est-ce qui justifie l'importance que les médias donnent à certains sujets ? 

Les prises de position implicites par rapport à l'information peuvent se traduire également par des généralisations, des raccourcis et autres glissements de sens via des effets de métaphore (soleil de plomb, puits de science, éclairer la réalité) et de métonymies (boire un verre, on en boit le contenu !) Le vocabulaire utilisé n'est pas anodin !

P.52 Il s'agit également d'identifier les failles logiques et la rhétorique. La rhétorique fait intervenir les interlocuteurs, leurs buts et relations, un argument est bon si il parvient à convaincre, la "vérité" importe peu. 

P.56 On ne traite pas l'information dans les médias de la même façon au Nord et au Sud du pays (Belgique) En 2011, dans les médias on assistait à un ping-pong basé sur les aspirations différentes des deux communautés : "Les Flamands demandent une réforme profonde du fonctionnement de l'état et les Wallons répondent qu'ils ne veulent pas la fin de la Belgique." 

P.63 Un petit détour par la sémiologie (l'étude des signes, c'est à dire la plus petite partie signifiante d'un langage, un mot est donc un signe, mais pas une lettre). 

P.64 La dénotation et la connotation correspondent à 2 niveaux de sens d'un même signe. La dénotation donne le sens explicite, la connotation évoque le sens figuré, le contexte est important. 

P.84 Les médias influencent le public, comme le public influence les médias, ils seraient le reflet de l'opinion et des valeurs qui font consensus à un moment donné. 

P.85 Afin de prolonger la réflexion critique on peut interroger la société dans laquelle émergent les faits et les événements et propos médiatiques ; on devrait prêter attention à la logique économique de certains médias qui ne font que véhiculer des clichés. 

P.87 La nouvelle propagande est économique, les pubs représentent un enjeu majeur des médias actuellement. 

Ce lien pose les questions du lobbying, des industries culturelles. Afin de critiquer une source, il serait approprier de répondre à la question : Qui dit quoi pourquoi ??? 

Il s'agit de discerner si l'auteur ne cherche pas à convaincre au lieu d'informer. 

P.100 En analysant des slogans publicitaires comme "demandez plus à votre argent" "demandez plus à la vie". On peut émettre l'hypothèse qu'on renforce ici la logique qui associe le bonheur au "toujours plus". En diffusant ces slogans, les médias alimenteraient le capitalisme. 

P.107 En France, les dépenses de communication des annonceurs semblent globalement diminuer en raison notamment de la connotation négative de la publicité dans le sens commun. Depuis les années 2000, de plus en plus de publicités insistent sur des valeurs non marchandes (création de sens, partage, solidarité) au profit du secteur marchand. 

En matière de pub, le public est une cible à qui plaire, il est une marchandise pour les annonceurs. Lorsque la source de financement d'un média (comme facebook) est la publicité, les chiffres de l'audience sont proportionnels à ceux des recettes. 


En guise de conclusion : 

P.223 "La pensée critique n'est pas un acquis une fois pour toutes [...] elle se travaille et s'expérimente." 

P.224 "Il s'agit d'être dans la nuance par rapport aux attitudes de confiance ou de méfiance vis-à-vis des médias." 

P.225 "Ce processus de prise de distance et d'évaluation de ses propres usages et prises de position suppose l'autonomie de la pensée critique, c'est à dire une pensée qui refuserait ses assertions simplistes au profit d'une démarche humble. Il s'agirait d'un esprit au clair avec ses propres jugements et partis pris, qui en tiendrait compte pour tâcher d'analyser l'information le plus honnêtement possible, en faisant droit à la complexité du monde." 

Sur ce, je vous souhaite à tous un questionnement constructif et une attitude ouverte et prudente vis à vis des médias.